Gerard Byrne
For example; a sketch of Five Elevations, 1971-72

Gerard ByrneFor example ; a sketch of Five Elevations, 1971-72, vidéo, 9′ 37”, boucle, muet, 2011

Pour son exposition au Centre d’édition contemporaine en 2011 (4. 05 – 16. 07. 2011), Gerard Byrne a réalisé film lié à une œuvre de Richard Serra datant de 1971-72, Five Elevations, installée dans le parc d’une collection privée à l’extérieur de Londres et à laquelle il a pu avoir accès. Ce film fait suite à une série de recherches sur l’abstraction, le minimalisme et à un précédent travail, A thing is a hole in a thing it is not (vidéo, 2010). Il a été produit et présenté une première fois au Van Abbemuseum, Eindhoven, puis à la Renaissance Society, Chicago, au Lismore Castle Arts, County Waterford, Irlande, ainsi qu’au 2010 Glasgow International Festival of Visual Art. Cette pièce de 2010, constituée de plusieurs films courts, met en scène des œuvres issues de la collection du Van Abbemuseum, qui représentent en quelque sorte la quintessence du minimalisme américain : avec des peintures et sculptures de Carl Andre, Donald Judd, Dan Flavin, Robert Morris et Frank Stella. Réinstallées par Gerard Byrne dans les salles du musée d’Eindhoven, ces œuvres rejouent leur présence au musée. La caméra filme aussi bien les œuvres que le contexte : monteurs, photographes, nettoyeurs, gardiens et visiteurs. Les prises de vue sont le résultat de balayages ou de va-et-vient distancés entre l’environnement, des détails apparemment anodins et les œuvres elles-mêmes, devenues elles aussi objets. Le déplacement de point de vue qu’opère Gerard Byrne est recontextualisé dans le champ du minimalisme par Penelope Curtis dans son texte, A local address, paru dans le catalogue Tuxedo Junction (1960), à propos de A thing is a hole in a thing it is not :

« This means that we are left with the possibility of thinking of Minimalism’s project as both romantic and classical; as a work of the imagination as well as of manufacturing; an idea as well as an object ; a dream as well as a result. It is also made clear, however, that Minimalism is not just about us, and our experience, but also about how other experiences are mediated for us, whether in text, voice or imagery. »1 Catalogue dans lequel il est également noté en exergue : « Assembled and edited by Gerard Byrne upon the achievements of the Minimalists and their critics. »2

Pour For example ; a sketch of Five Elevations, 1971-72, la caméra flotte autour de Five Elevations. Les prises de vues reprennent des standards cinématographiques, créent une image subjective de cette sculpture relativement complexe. En toile de fond et sans que ce soit le sujet du film, la caméra enregistre simultanément et partiellement un shooting pour un magazine de mode, qui se déroule là par pure coïncidence. Malgré ces deux plans de circonstance, l’œuvre de Richard Serra reste le personnage principal de cette fiction, même si la confrontation avec le shooting transforme Five Elevations en une sorte de « Stonehenge » provocant un back-clash temporel : l’éternel vs l’éphémère.

Gerard Byrne pose ici, comme dans ses précédents travaux, la question de la transmission, historique ou artistique, d’une réalité connue, médiatisée, phénoménologique ou davantage encore iconique, en la mettant à l’épreuve de son enregistrement ou de son réenregistrement (film, photographie), de sa diffusion et de sa réception :

« The idea was to construct for each work a kind of self-awareness of being viewed. I am interested in how the camera tries to construct and elaborate those viewpoints in a filmic sense. I recall Beckett’s Film quoting our fellow Irishman Bishop Berkeley – »To be is to be perceived ». 


Gerard Byrne, For example ; a sketch of Five Elevations, 1971-72, vidéo HD, boucle, couleur, muet, lecteur multimédia (full HD), 20 exemplaires, 2 E.A. et 2 H.C., numéroté, daté et signé. Edition du Centre d’édition contemporaine, Genève, 2011
Gerard Byrne a exposé en 2020 au Centraal Museum Utrech (2020), à la Sessession, Vienne (2019), au Moderna Museet, Stockholm (2017), au Kunstmuseum St. Gall (2015), au FRAC des Pays de la Loire, Nantes (2014), au Baltimore Museum of Art (2013), à la Bonniers Konsthall, Stockholm (2013), à la Whitechapel Art Gallery, Londres (2013), à la Renaissance Society, Chicago (2011), à la Lisson Gallery, Londres et New York (2017, 2013, 2009 et 2007). Il a également exposé à la Kunstverein, Düsseldorf (2007) et pour le Pavillon Irlandais de la 52ème Biennale de Venise (2007). Il a participé à plusieurs expositions collectives à la Tate Britain, Londres (2006, 2010 et 2014), au MUDAM, Luxembourg (2010), au Kunstmuseum Basel, Bâle (2010), à la Malmö Konsthall (2010) et au Henry Moore Institute, Leeds (2010), ainsi qu’à la Biennale de Turin, de Gwangju et de Sydney (2008) et à celle de Lyon (2007). Il a participé à l’exposition ILLUMInazioni pour la 54ème Biennale de Venise (2011), à la Documenta 13, Kassel (2012), à The Art of Memory, à la Bonniers Konsthall, Stockholm (2012), Salon der Angst, à la Kunsthalle, Vienne (2012) et Trapping Lions in the Scottish Highlands, Aspen Art Museum (2912), à Curiosity, De Appel, Amsterdam (2012), The Persistence of Objects, Lismore Castle, pour Out of Body, Out of Time, Out of Place, Skulptur Projekte 2017, Münster (2017) et à la Biennale de Busan (2020).

1 Penelope Curtis, « A local address », in Gerard Byrne, Tuxedo Junction, 1960, Lismore Castle Arts, Lismore, Co Waterford, Irlande, 2010
2 Gerard Byrne, Tuxedo Junction, 1960, Lismore Castle Arts, Lismore, Co Waterford, Irlande, 2010, page de garde
Ce projet bénéficie du soutien de l’Office fédérale de la culture et de la République et canton de Genève.

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